Un coup de blues après être rentré·e de votre (trop court) voyage ? Voilà quelques pistes pour le prolonger et ainsi obtenir des vacances (presque) éternelles.
Voyager au Groenland (et rentrer trop tôt)
Cet article m’a été inspiré par mon récent voyage au Groenland.
Un peu de contexte : lorsque Sébastien Royer de l’agence de voyage lyonnaise Terres Oubliées rencontre Marie Bobin, il tombe sous le charme de ses œuvres et lui propose d’animer un stage de carnet de voyage au Groenland.
Marie me propose de l’accompagner. Je fais tellement confiance à la capacité qu’elle a de me surprendre et à mes talents d’adaptation que je réserve ma place le lendemain. Go.
Je n’ai pris le temps de me renseigner que sur l’équipement nécessaire et les formalités administratives.
Ce voyage venait fêter mon cinquantième anniversaire. « Quelle idée ! », s’est exclamé mon entourage. J’ai eu aussi quelques « Waouh ! », « Qu’est ce que tu vas faire là-bas ? ». Cette destination ne laisse pas insensible.
Pour atteindre le village de chasseurs de Tiniteqilaaq, sur la Côte Est du Groenland, il faut rejoindre Reykjavík en Islande, puis voler jusqu’à Kulusuk au Groenland. De là un hors-bord traverse le fjord. À condition que les glaces décident d’en libérer le passage.
Jamais rien n’est sûr au Groenland. « 50 % du voyage est réussi lorsque vous et vos bagages sont arrivés », avait prévenu Sébastien.
Tout ce trajet requiert beaucoup de carburant. Une petite dissonance cognitive vient gratouiller mes valeurs écologiques.
Continuer à voyager depuis chez soi
Entre dessin, rencontres et émerveillement face aux terres groenlandaises, ce moment suspendu a pris fin un peu tôt à mon goût. Qu’il en soit ainsi : je continuerai mon voyage depuis chez moi !
Des films pour prolonger le voyage
À Tiniteqilaaq, nous avons approché Max, un marseillais qui a tout quitté à 20 ans pour devenir chasseur inuit. Il est désormais le directeur de l’école mais a gardé ses chiens de traîneaux et une passion pour le kayak traditionnel qu’il partage auprès de ses élèves. Un exemple d’intégration remarquable.
Je découvre à mon retour qu’il est l’un des protagonistes du documentaire Arte regards : Vivre au Groenland, une envie de glace et de solitude.
Ulrikka, une grand-mère Inuit nous a offert le café chez elle. Nous avons chanté pour elle et l’avons même fait danser. Elle arborait un sourire taiseux mais comblé. C’est par une émouvante étreinte que nous l’avons remerciée pour ce moment d’humanité et de partage.
À l’inverse, nous n’avons pas rencontré Anders Hvidegaard, l’instituteur danois. C’est en recherchant des films tournés au Groenland que je découvre le docu-fiction Une année polaire, réalisé par Samuel Collardey dans lequel Anders interprète son propre rôle et narre les difficultés qu’il a traversées en s’installant à « Tinit ». Qu’il est émouvant d’y retrouver les visages des inuits connus dont celui de notre chère Ulrikka.
Je suis aussi très touchée par le film de Sébastien Betbeder Voyage au Groenland qui narre la rencontre improbable et transformatrice de deux jeunes parisiens avec les chasseurs du village de Kullorsuaq sur la côte Ouest.
Des BD pour poursuivre une rencontre trop furtive
Le parcours de Max a également passionné Simon Hureau qui en a fait le personnage principal de sa BD : Sermilik, là où naissent les glaces. Elle vient combler mes interrogations sur son parcours atypique. Je découvre aussi l’histoire du village, la vie et les paysages d’hiver.
La bande dessinée 30 jours au Groenland de Fleur Daugey et Stéphane Kiehl, écrite lors d’une résidence d’artiste sur un bateau, vient aussi documenter de manière passionnante sur le quotidien des villageois Groenlandais pris en étau entre modernité et tradition.
Je me rends compte qu’en très peu d’efforts, j’ai trouvé des contenus culturels passionnants qui me permettent de prolonger mon voyage à domicile.
Ces lectures et projections me permettent de poursuivre la découverte, et de revoir mes jugements parfois hâtifs.
Thibaut Verchère, notre guide, nous avait pourtant mis en condition : au Groenland, on pose ses jugements et on ouvre ses yeux. Les films me permettent de rester dans cet état d’esprit.
Je reprends et peaufine mon carnet de voyage. À Barjols, sous un grand platane, je reste 6h consécutives à dessiner. Je complète le texte avec des précisions que je peux maintenant trouver sur Internet.
L’esprit et la joie du voyage se prolongent. Je ne suis pas complètement rentrée.
Co-construire un projet culturel autour d’un voyage
Désireuse de faire profiter les autres de mes découvertes et persuadée qu’il y a encore beaucoup de contenu sur lequel mettre la main, j’appelle Sébastien Royer pour partager mon retour sur cette expérience.
« Que dirais-tu d’organiser une projection du film Une année polaire dans un cinéma de Lyon ? On y rassemblerait les voyageur·euses parti·es à Tiniteqilaaq, celleux qui rêvent d’y aller, celleux qui y organisent des voyages.
À l’issue de la projection, on pourrait présenter au public la BD de Simon Hureau, une sélection d’autres films tournés au Groenland ainsi que nos carnets. »
Sébastien adore l’idée. Sa motivation n’est même pas financière. C’est l’énergie qu’elle dégage qui la touche.
On pourrait y inviter des étudiant·es en tourisme pour partager ensemble ces valeurs de rencontres, de découvertes. Pour les aider à imaginer un tourisme plus « ou-vert » et proposer des pistes pour préparer son voyage ou le prolonger avec les œuvres existantes.
La culture, un outil complémentaire au tourisme pour nourrir son voyage
Je me mets à rêver que Samuel Collardey et Simon Hureau viennent aussi à la rencontre de leur public. Je m’interroge toujours sur le fait qu’un film a une durée de vie si courte alors que sa création s’étend sur des années. Pourquoi une bande dessinée remarquable doit-elle se contenter d’un public de niche ?
La culture et le tourisme peuvent s’enrichir mutuellement.
Ces rencontres et ces échanges peuvent changer le rapport au voyage. Cela peut préserver Tiniteqilaaq pour ne jamais y trouver un resort avec du personnel exploité et de plutôt privilégier une ouverture au monde pour les groenlandais parfois isolés. Que ce lieu reste un espace de découverte de soi pour des touristes aux vies agitées. Le voyage devient alors leur aventure commune.
Poursuivre l’aventure de son voyage au cinéma
Alors, ami·es voyageur·euses, ça vous dirait de préparer ou poursuivre vos aventures au cinéma ?
C’est ce que je propose aujourd’hui avec cette séance à Lyon mais aussi partout en France (invitez-moi dans votre ville !).
Mon objectif est de permettre à chacun·e d’accéder à des contenus culturels liés à ses voyages.
De la même manière, je mets en lien l’expérience d’individus avec des films dans mon projet cinéma et handipositivité.
Envie de co-créer une séance sur un thème qui vous tient à cœur ? Contactez-moi sur mes réseaux !